Au sud de nullepart.
A la lueur artificielle d'un écran 17 pouces, je contemple ma chambre.
Beige. Simple. Vide; à premiere vue. Et seulement à premiere vue. A ma
droite, j'apperçois un poster: The Chaser. J'ai craqué sur ce film;
j'en ai donc l'affiche. Celui derière moi, aux allures de western,
c'est une merveille, avec une merveilleuse brute; et en levant la tete,
je peux voir un film qui a bercé mon enfance, de par ses musiques, son
histoire, ses themes. Billy Elliot, qui tient diffiicilement au
plafond; entre ciel et terre. Mon esprit divague.
Plus loin, c'est un drapeau noir, avec la lettre L. Offert par R, il
est tout abimé puisqu'accroché a mon sac toute l'année. Tout là-bas, le
poster que T m'a offert, en dessous celui acheté avec M, et à sa gauche
celui de Mono que nous avons enlevé du mur au concert; d'ailleurs j'y
ai rencontré V et A. A ma gauche, Rodrigue, beau, sublime, doué; comme
à son habitude. Signé avec un adorable sourire. J'aime. TOKYO, vu avec
les T et Ct, cadeau d'anniversaire qui repeint mes murs. Des photos ça
et là, des gens que j'aime, et auquels je tiens. Thank you
A. Des dessins zigzagent sur mes murs, montrant une amitiée depassée,
une journée a Gant inoubliable ou encore un quotidien rempli de joie
avec un certain Mr Miou. Mais ce n'est pas tout. La lourde chaleur d'un
début d'été qui n'a pas encore commencé est montrée par cette fenetre
ouverte, où j'y entends les gosses des voisins crier. J'essaye de
réviser. Rien ne vient. Mon esprit divague, à droite,
à gauche. Devant. J'imagine mes années futures, je rêve à des choses
que je ne pourrais surement pas avoir aussi facilement que cette jolie
robe toute fraichement achetée, ou encore ce beau gilet au toucher si
agréable. Une année loin de tout ça. Voila ce qu'il me faut. Une année
ailleurs, sans tous ses problèmes, peut etre sans toutes ses joies; je sais pas, mais dans tous les cas, ça sera remplacé par d'autres choses. Peut etre mieux, peut etre moins bien, je sais pas; mais différent en tout cas. Besoin de m"évader de ce lit
qui grince au moindre petit mouvement, de cette lampe qui n'éclaire que
trop bien ses centimes posés sur la table de nuit. De ce poste de radio
qui ne fonctionne même plus, ou encore de tous ses livres empilés les
uns sur les autres; tous dans l'attente d'etre lue. Le flacon de parfum
est vide, mon appareil photo aussi. La casquette
bleue me regarde, suspendue dans le vide comme on suspendrai un hameçon
au bout d'une ligne. Mon esprit divague. Passe d'une chose à une autre comme on passerait de l'hiver a l'été. Il faut trop chaud ici. J'étouffe, et pourtant j'ai tout l'air qu'il me faut.
La fênetre grande ouverte laisse entrer les araignées; Ca sent un
mélange de Burberry et de fraise; alors que je rêve de datura. Une Jimson Weed
sur le rebord de ma fênêtre, à contempler- mais pas à sentir. Je rend
un hommage a Captain Eo, il est en train de disparaitre. Comprendra qui
comprendra, et ne comprendra pas qui aura eu la chance de ne pas l'avoir connu. RIP Captain Eo,
Fuzz veillera sur toi. La soundtrack de Lost in translation se répète
en boucle sur cet ordinateur qui surchauffe. Les notes se suivent et
les secondes défilent sur cet écran 17 pouces, qui a juste assez de
lumière pour éclairer ma vie. Mon esprit divague, c'est n'importe quoi.
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